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Sénégal- Bientôt les grandes vacances, des centaines d’enfants vont rejoindre les villages pour sacrifier aux rites d’initiation et de circoncision dans la « case de l’homme », sous l’œil du très redouté Kankourang.

Les masques Kankourang sont associés aux sociétés culturelles et secrètes du  Mama Jombo  (Guinée-Bissau, Sénégal) et du  Mama Para  (Gambie) composées essentiellement de forgerons (noumo), de cordonniers (farbo), de vanniers (fino) et de griots (jalo). Ces derniers sont les dépositaires de l’Institution traditionnelle du Kouyang (la circoncision). La sortie des masques Kankourang marque le début des festivités de l’initiation qui sont liées au Jambadon (danse des feuilles). La danse du Jambadon est une imitation des mouvements corporels du Kankourang.

Les masques Kankourang sont les supports privilégiés de la force vitale du « mama » chez les mandingues. Mystérieux par nature, leKankourang est en relation étroite avec l’initiation (Kouyan), soit avec le cérémonial d’un enseignement que les nouveaux reçoivent de leurs anciens et sur lequel ils doivent garder le secret. Cette initiation comporte :

– Un rite de séparation : les initiés vivent séparés de l’ensemble de la communauté, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois dans le Kouyan joujouwo ou wanao ou Bois sacré. Ce bois sacré se situe à quatre ou cinq kilomètres du village. La tradition mandingue du Kabou dit que du bois sacré, on ne dois pas entendre les coups de pilon des femmes qui sont au village ». Cet isolement des initiés est une mise à l’épreuve de leur capacité à surmonter la peur, la douleur et la solitude.

– Un rite de transformation : le Kouyan reproduit les rapports de subordination et la structure hiérarchique de la société mandingue. Le corps réel ou symbolique du niansun (circoncis) est ici utilisé comme parchemin où viennent s’inscrirent les codes et les valeurs culturelles par une série d’épreuve, de tortures, de marques, de traces et de coupures.

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Cette formation morale et religieuse est confiée aux Kouyan Mansa (Roi du Bois sacré) à ses assistants Lambé ou Kintan et sous la protection du Kankourang.

– Un rite de réintégration : le Kouyan met l’initié en présence des esprits et des ancêtres. D’abord, l’initié est mise en relation avec le sacré sous forme enfantine (les esprits sont les masques qui font peur), puis il est mis en relation sous forme adulte avec le sacré (révélation des masques en tant que tels, distincts des esprits eux-mêmes). Ces deux phases de démonstration permettent à l’initié de briser la religion superstitieuse des femmes et des enfants pour s’introduire dans la religion plus spirituelle de l’homme. Le niansun (le circoncis) intègre ainsi le monde des adultes.

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Les initiés porteurs des masques Kankourang répudient leur personnalité courante pour devenir, tant qu’ils sont revêtus, des êtres situés dans une zone confinant au surnaturel. Les formes des kankourang se réfèrent visiblement à différents règnes :

– Celui des esprits, matérialisés selon l’idée qu’on s’en fait ou, parfois, selon les désirs qu’ils expriment en se montrant en rêve.
– Celui des êtres humains de par ses mouvements ses deux machettes et ses cris.

En milieu mandingue, des précautions (offrandes et sacrifices, ports d’amulettes et de gris-gris, état d’abstinence, incantations) sont d’ordinaire tenues pour nécessaires contre les risques entraînés par la confection et par l’usage du Kankourang, car celui-ci, outre qu’il est destiné à se charger d’une force dont le contact est dangereux, tire sa matière d’éléments naturels conçus (les écorces et les feuilles d’arbres). Selon l’imaginaire des mandingues, le chigommier (Fara Ju?o) est l’habitat et la propriété du Kankourang considéré comme l’expression du sacré et dont le rôle est de protéger la communauté contre les esprits néfastes et les sorciers.

Source : Alphousseyni Diato SEYDI (2007)

 

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Une tentative de mise en commun des contributions situées à des échelles d’expression diverses qui viennent enrichir le débat au sujet de la quête et l’affirmation d’une identité commune à des communautés éparses.

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